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L’économie circulaire, une réponse à vos problématiques achats ?

Nous sommes tous des acheteurs ! Et donc, nous sommes tous concernés par l’économie circulaire. Simples consommateurs, nous sommes de plus en plus nombreux à acheter des biens de seconde main, à partager des services ou des biens entre voisins, à louer plutôt qu’acheter, à troquer … Cette tendance concerne aussi les organisations, privées et publiques, et touchera bientôt tous les secteurs. Nous en sommes convaincues, pour au moins 3 raisons.

1. Les ressources de notre planète s’épuisent : finis les achats « linéaires »

Le rapport Meadows, intitulé « Les limites de la croissance » nous le disait déjà en 1972… Nous vivons sur une planète aux ressources finies. Nos modèles économiques, basés sur l’extraction de ressources naturelles, ne sont tout simplement pas durables à long terme. Certaines ressources sont certes renouvelables, mais le rythme auquel nous puisons dans le stock ne permet pas un renouvellement suffisant… Les scenarios évoqués il y a 50 ans tablaient sur un début de pénurie courant du XXIème siècle…

Nous y sommes.

Bien sûr, tous les stocks ne sont pas épuisés, et la situation varie d’un matériau à l’autre… Mais pourra-t-on indéfiniment exiger la fabrication de nouveaux équipements, à partir de matières premières ? La réponse est non.

 

Illustration représentant les personnages des shadocks

Il devient donc indispensable de réfléchir à d’autres solutions et de rompre notre dépendance à l’extraction de matières primaires, vierges, premières. Avez-vous déjà pensé à la signification de cet adjectif : « premières » ? Cela laisse entendre qu’il y en a des secondaires, non ? Et oui, les mots eux-mêmes nous soufflent la solution !

Trouver des alternatives devient urgent pour éviter la pénurie et aussi pour limiter l’explosion des coûts. Comme il faut aller de plus en plus loin pour trouver des ressources, cela devient de plus en plus cher. En 2019, l’OCDE publiait un rapport sur les perspectives d’utilisation des matériaux d’ici 2060 « Global Material Resources Outlook to 2060 ». On y lit que les coûts d’extraction (mining) vont augmenter sensiblement, alors que les coûts de recyclage (recycling) diminuent considérablement.(1)

 

Image représentant une courbe de comparaison de coûts

2. On en vient à notre deuxième raison : la loi

Envisager l’économie circulaire dans les achats, la loi nous y contraint de plus en plus. La loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (dite Loi AGEC) nous concerne tous, consommateurs, entreprises, acteurs publics. Les fonctions achats sont – devraient être – sur le pont pour répondre à ces nouvelles exigences. Les acheteurs soumis au Code de la commande publique ont dorénavant des objectifs chiffrés pour intégrer biens de réemploi et matières recyclées dans de nombreuses catégories de leurs achats : vêtements de travail, parcs informatique et téléphonique, véhicules, jouets, etc. Vous pouvez consulter les détails du décret d’application ici. Les acheteurs du secteur privé sont aussi concernés. La disparition des emballages à usage unique, la réduction de l’usage du plastique, les exigences en termes d’éco-conception, ont un impact direct sur les approvisionnements. Les acheteurs ont tout intérêt à travailler main dans la main avec les bureaux d’études, les services de R&D et le marketing pour répondre à ces nouvelles obligations. Exemple : depuis 2022, les réparateurs d’électroménager ont l’obligation de proposer à leurs clients des pièces détachées issues de l’économie circulaire. L’indice de réparabilité, et à terme l’indice de durabilité, incitent également à réévaluer les critères de sélection des composants de la chaîne d’approvisionnement. Le nouvel enjeu des acheteurs est clair : identifier des sources « secondaires », c’est-à-dire des biens issus du réemploi et des matériaux issus du recyclage.

La loi Climat aussi implique de reconsidérer le recours aux ressources naturelles. Décarbonation et préservation des ressources ont en effet un lien direct bien établi. Nous vous en parlerons sans doute ici dans quelques temps.

Finitude des ressources, obligations réglementaires… toujours pas convaincus que l’économie circulaire vient secouer les organisations achats ?

3. Manque de résilience de nos chaînes d’approvisionnement

Une troisième raison s’impose à nous… La crise sanitaire l’a dévoilé. La crise géopolitique et la guerre en Ukraine le révèlent sous une lumière plus crue encore : nos chaînes de valeur étendues sont fragiles. Tel un élastique, plus la chaîne s’étire, plus le risque de rupture est grand. Plus nous rajoutons des maillons à la chaîne, plus le risque de casse s’accroît. Après des décennies de mondialisation et d’hyperspécialisation effrénées, la régionalisation, voire la relocalisation, de nos chaînes d’approvisionnement apparaissent (enfin !) comme pleines de bon sens.

Un simple bateau se coince dans le Canal de Suez ? 12000 containers restent bloqués plusieurs jours, des millions d’euros s’envolent chaque heure…

La Chine met son économie à l’arrêt ? C’est la panique. Elle relance son économie ? C’est la panique. L’Inde subit des vagues de chaleur dues au dérèglement climatique et décide de baisser ses exportations de blé ? C’est la panique.

Les exemples qui illustrent notre manque de résilience sont pléthoriques, souvent dramatiques. Du regard de l’acheteur, ils sont synonymes d’augmentation de risques… et devraient donc susciter là encore la recherche d’alternatives.

Alors, comment « acheter circulaire » ?

Mauvaise nouvelle… il n’y a pas de solution clé en main. Chaque filière est différente, avec ses propres caractéristiques, ses acteurs, existants ou à imaginer, et ses problématiques. Bonne nouvelle, de plus en plus d’acteurs se positionnent pour créer cette indispensable dynamique circulaire.

Autre bonne nouvelle : tous les métiers de l’entreprise ont un rôle à jouer. L’économie circulaire, c’est l’occasion rêvée d’enfin désiloter les organisations et gagner en efficacité (et plaisir de travailler ensemble !).

Revenons aux acheteurs : chaque phase de leur métier peut être reconsidérée sous le prisme de l’économie circulaire. Et à chaque phase, il convient de mieux collaborer, en interne, et bien sûr avec ses fournisseurs.

Schema.

Enfin, c’est l’occasion de renouer avec son  écosystème local. L’Ecologie Industrielle Territoriale – EIT – pourrait enfin prendre la place qu’elle mérite dans notre économie. A l’échelle d’un quartier d’affaires, d’une ZAC, d’une zone industrielle, il s’agit de mettre en commun les ressources, afin de les économiser.

Ce que certaines industries voient comme un déchet ferait peut-être le bonheur de l’entreprise voisine… Comment savoir ? Pour cela, il convient de mener une étude des flux entrant et sortant à l’échelle du territoire, identifier les opportunités de valorisation in situ, étudier la faisabilité technique et économique de la démarche… Indispensable pour convaincre les acheteurs. En effet, on se sépare assez facilement de ce que l’on considère comme des déchets. Mais l’entreprise voisine risque d’avoir un peu plus de difficulté à se dire qu’on va les intégrer dans sa chaîne de valeur…

Pas facile, mais…  on nous souffle dans l’oreillette que certains acteurs vous accompagnent dans ces démarches !

De multiples bénéfices

La mise en place de solutions circulaires dans ses achats est une démarche plus ou moins longue selon les filières et leur maturité. Mais c’est une démarche gagnante. Parmi les points positifs qu’apportent ces efforts, on compte bien sûr un moindre impact environnemental. On y voit surtout une réponse aux enjeux achats : pénurie, explosion des coûts, retards d’approvisionnement, dépendance à des acteurs lointains.

Inscrits dans une démarche responsable, d’autres avantages apparaissent :

  • Un impact territorial plus fort : travailler en économie circulaire, c’est forcément renforcer ses liens avec les acteurs du territoire.
  • Des relations fournisseurs plus pérennes et plus fiables : la co-construction des solutions crée des liens de partenariat. La constitution d’une filière locale renforce ces liens.
  • Plus de solidarité, des dépenses en faveur de l’insertion. Bien souvent, on le voit dans le secteur du réemploi de matériaux dans le bâtiment, achats circulaires riment avec achats solidaires.
  • Plus d’innovation. Chercher des solutions nouvelles implique de remettre en cause les manières de faire. Oublié le triste et célèbre « on a toujours fait comme ça …»

La fierté de vos équipes !

 

Schema.

En résumé :

Le site du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires le dit très bien : « l’écologie industrielle territoriale permet de donner une dimension concrète à une démarche de responsabilité sociétale puisqu’elle intègre dans un projet local les problématiques environnementales, sociétales et sociales. » (2)

 

  • Sources 
 
(1)    (OCDE (2019), Global Material Resources Outlook to 2060 : Economic Drivers and Environmental Consequences, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264307452-en.)
 
(2) Site du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires https://www.ecologie.gouv.fr/lecologie-industrielle-et-territoriale, consulté le 15/07/2022
 
Un article réalisé par Delphine Michaud de SOURSE – Conseil et Accompagnement en achats responsables & RSE